En vue de l’ouverture de LaPlage de Glazart ce jeudi 7 juin, nous sommes allées interviewer Sylvain Lemerle, directeur artistique et Pierre-Louis Hahn, chargé de communication pour avoir des informations croustillantes sur cette saison. Un petit plus, nous avons Tifen l’assistante de Sylvain et Pierre-Louis qui elle aussi, a pu participer et répondre à nos questions.
La plage est un petit îlot de paradis qui ouvre ses portes tous les ans à Paris pendant 4 mois non-stop pour célébrer le soleil et la musique.
PWFM – Bonjour, pouvez-vous vous présenter s’il vous plaît ?
Sylvain – Honneur au plus vieux.
PL – Ahah, bon, honneur au plus vieux. Pierre Louis Hahn, j’ai 32 ans, je suis chargé de communication pour Glazart depuis août de l’année dernière et j’ai travaillé pour d’autres structures à Paris, Tsugi notamment, le festival Dream Nation, et aussi les Trans Musicales.
Sylvain – Je suis Sylvain Lemerle, programmateur de Glazart l’hiver et de LaPlage l’été avec une programmation qui va de la world music à la techno en passant par la house et la disco aussi la trance mais plus ponctuellement.
PL – La trance c’est pas le fil rouge de LaPlage et Glazart.
Pourquoi le nom « Glazart » ?
Sylvain – Alors ça c’est vieux, c’est un nom qui a à peu près une vingtaine d’années et ça date en fait de l’association quand notre directeur a repris la direction ça s’appelait déjà Glazart. De mémoire il me semble qu’il y a un rapport quelconque avec Orange Mécanique, après lequel…
PL – Moi c’est Vianney qui m’avait expliqué qu’il y avait un lien avec une histoire, que ça veut dire « œil » dans une autre langue… je crois c’est la langue parlée par les hooligans dans Orange
Mécanique, un langage inventé, inspiré du russe.
Sylvain – Prends ça Poutine ahah.
Si vous deviez définir le Glazart en 3 mots :
PL – Glazart l’hiver, le terme alternatif est le premier qui me vient à l’esprit parce que c’est un lieu qui a toujours revendiqué de mettre en avant les musiques underground de manière générale.
Tifen – J’allais dire froid.
PL – Ahah t’as pas fait les soirées bass musique toi, il fait bien 35° à l’intérieur. Troisième mot pour le lieu en lui-même …
Tifen- Populaire ?
Sylvain – Je dirais pas que c’est populaire en fait, c’est même peut être plus impopulaire.
Tifen – Dans le sens accessible à tous, venez comme vous êtes.
PL – Oui accessible à tous ouvert à tous, ouvert à tous, on a vraiment un concept…
Sylvain – Eclectique en fait.
Tifen – Oui, voilà il n’y a pas de code.
PL – Il y a vraiment une envie de réunir les publics, donc forcément c’est un lieu qui est ouvert à tous.
Sylvain – Après en mot simple il ya la teuf, on va pas tourner autour du pot. Je pense que les gens viennent là pour bien s’amuser comme dans d’autres endroits mais je pense qu’on fait partie des endroits un peu emblématiques à Paris où il fait bon de faire la fête.

Si vous deviez définir LaPlage en 3 mots :
PL – Pour le coup pour LaPlage le premier mot, ça représente bien le concept, c’est farniente, parce que ça montre bien le côté détente, chill, ce côté de pouvoir profiter en extérieur de musique, de DJ sets et d’artistes plutôt que de rester enfermé à l’intérieur.
Sylvain – Moi pour LaPlage je mettrais bien convivial aussi, c’est encore plus agréable de faire la fête ici, entre amis, voir de rencontrer des gens peut être même encore plus qu’à Glazart avec le froid. Là t’es en open air, il y a un truc plus convivial qui s’installe.
PL – Troisième mot ?
Tifen – Oui je pensais à ça, le côté faire la fête en plein air, on se sent libre, libre de mouvements, d’espace, liberté.

Vous êtes énormément suivis sur les réseaux, quel est le secret de votre succès ?
PL – C’était déjà en place quand je suis arrivé donc au niveau continuité ça a été assez simple pour moi. Quelque chose que j’aime beaucoup, c’est la manière dont nous communiquons et dont nous présentons la programmation : c’est à dire qu’on cherche vraiment à éduquer même si je trouve ce terme un peu péjoratif. On est là pour transmettre une information, on n’est pas là simplement pour dire « ouais venez c’est la teuf, venez boire des coups « . Il y a aussi le côté où on présente des artistes emblématiques de leur scène et c’est au travers aussi de cette présentation là et de cette information-là qu’on diffuse sur les réseaux sociaux et qu’on a réussi à développer une belle communauté.
Quelques mots sur votre identité visuelle, votre graphisme ?
PL – C’est une longue histoire !
Sylvain – Chaque année, c’est une sacrée bataille. En fait il y a beaucoup de soirées, il y a beaucoup de graphistes et tout le monde a l’impression de s’approprier des trucs qui ne leur appartiennent pas. C’est pas parce que tu utilises du rose et du bleu que personne d’autre n’a le droit de les utiliser, c’est pas parce que tu mets un effet sur tes visuels que c’est le tien. Photoshop l’a pas inventé pour toi et tu l’as pas inventé non plus. Mais en fait, on a passé pas mal de temps sur un visuel et on s’est rendu compte qu’il existait déjà sur un festival l’an passé donc on a perdu pas mal de temps là-dessus.
PL – Mais c’est un pur hasard, c’est à dire que l’année dernière on a travaillé avec différents graphistes, ils nous avaient fait chacun plusieurs propositions et quand on a commencé à travailler sur l’édition 2018, on a recontacté certains de ces graphistes parce qu’on considérait qu’ils avaient quand même fait de belles propositions. On a travaillé notamment avec une jeune fille et sa proposition quelle nous avait faite en début 2017 a été reprise courant 2017 par un festival. Donc forcément on s’est fait un peu rattraper par ça. Après je pense que nous ce qu’on l’on voulait, c’est quelque chose qui collait à l’image de LaPlage. On a besoin d’un visuel qui soit chaleureux et qui véhicule aussi cet aspect, le lieu en lui-même. On a contacté un graphiste avec lequel on avait travaillé par le passé, Xavier Plot, qui est un graphiste qu’on connait via le magazine Tsugi et lui on lui en a parlé un quart d’heure et deux jours après il s’est pointé avec cette représentation hyper minimaliste du lieu avec vraiment une mise en situation de LaPlage. Parce qu’on est le club situé au bord du périph avec cette grande tour qu’on voit derrière et il a réussi vraiment à rassembler le tout de manière super esthétique dans un visuel chaleureux donc on était assez content.
Vous avez de nombreux événements de prévus pour les mois à venir, y en a-t-il un en particulier que vous attendez avec impatience ?
Sylvain – Oui, l’ouverture parce que c’est l’inauguration, c’est celle avec laquelle tu lances ta saison donc si celle-là se passe bien, ne serait-ce que dans ta tête, et moralement, tu te dis ça y est c’est parti sur de bonnes bases. Si il y a des trombes d’eau on n’y pourra rien mais ça te gâche un peu le plaisir d’entrée de jeu et historiquement c’est les openings sur lesquels on fait les plus beaux scores. Les gens sont impatients, ils ont envie de redécouvrir la plage après une année, enfin de fin septembre à début juin et il y a une vraie attente qui se crée du côté du public. Et nous aussi, on est aussi impatient qu’eux.
PL – Me concernant il yen a plusieurs en fait. Le festival en lui-même je suis assez fan de toutes les dates, c’est un peu problématique d’ailleurs parce que je suis là tous les week-ends quasiment. Mais du coup je sais que niveau concert, on va avoir celui de Corine notamment, qui selon moi sera l’un des gros événements de l’été et donc c’est un concert que j’attends avec impatience. Apres niveau club, ils ont aligné pas mal de bons noms. Mais si on devait en nommer un çe serait celui avec San Proper parce que je suis impatient de le voir (NDLR – Vryche Dat Beach w/ San Proper, Daniel Wang & more)
PL – Et toi Tifen qu’elle est la soirée que tu attends avec impatience ?
Tifen – Beaucoup mais le concert de l’opening, il me plait bien parce que c’est un groupe qu’on ne connait pas vraiment et donc j’ai hâte de voir ce que ça peut donner sur scène : Markus & Shahzad Santoo Khan.
Depuis combien de temps faites-vous des soirées sur LaPlage ? Comment le projet a t-il démarré ?
Sylvain – Quand je suis arrivé, il y a 4 ans, c’est l’année où ils ont commencé à faire des clubs toute la soirée dehors. Avant ça il y avait une partie club jusqu’à minuit et le club se déroulait dans le Glazart et je suis arrivé pile l’année où c’était la teuf et on était ouvert toute la nuit en extérieur. Donc c’est là où ça a vraiment marqué je dirais un tournant dans l’histoire de l’association parce que forcement ça marche mieux, c’est plus attrayant. Moi j’avais fait une soirée ici, ça devait être en 2013, enfin une sorte d’apéro 19h-minuit il y a quelques années de ça et c’était encore un peu différent mais chaque année ça évolue, il y a des améliorations. Mais ça fait 4 ans que LaPlage existe en format toute la nuit en extérieur.
Y a-t-il une particularité cette année ?
PL – Alors niveau particularité, sur le lieu, sur le Glazart, sur LaPlage en lui-même on n’a pas de particularité supplémentaire comparé aux autres années mais maintenant on a en before de notre festival on a Jardin 21. Jardin 21, c’est un espace de verdure qui est niché au cœur du parc de la Villette. C’est un jardin potager en agriculture urbaine. Donc on travaille là-dessus avec plusieurs autres entités, il y a Maria Canal, Montessori 21, Colibris. Et en fait, on a voulu cet espace un petit peu plus chill mais un peu plus éducatif aussi, on a réussi à amener sur ce lieu trois aspects qui nous sont chers : la culture comme toujours, l’éducation et l’écologie à savoir que comme je le disais il y a un potager en agriculture urbaine, donc il y a des ateliers tout l’été, vous pouvez venir vous former à l’agriculture. Il y a des ateliers animés, parents- enfants tout l’été, comme je le disais par Maria Canal. Et nous on anime techniquement et culturellement le lieu avec l’espace bar/restauration d’une part et aussi l’espace DJ où on a ramené une belle petite caravane dans laquelle on a installé un booth. Donc c’est vraiment la nouveauté de cette édition 2018.
Qu’attendez-vous de l’ouverture de LaPlage cette année ?
PL – Ah bah 4000 personnes ahah.
Sylvain – Niveau ambiance on a une certaine idée de ce que ça peut-être. En fait cette année j’ai voulu m’éloigner un peu de tout ce qui est musique électronique parce qu’on a plein d’autres organisateurs qui le font bien d’une part et puis a un moment donné je trouve qu’on commence à s’ennuyer un peu dans ce milieu, ça tourne un peu en rond donc je me suis dit que…. c’est mon avis voilà au moins je le donne. Après c’est LaPlage donc on ne va pas faire de la techno industrielle ici, ce n’est pas l’endroit le plus adapté non plus, mais ce qui me semble facilement adapté ça va être les choses disco, des trucs latino, africain ce genre de choses… tous ces genre là se prêtent beaucoup plus au contexte de la plage que de la musique électronique et après de toute façon nous on a plein d’autres supers noms avec les collectifs en musique électro. Donc ça va être vraiment une belle fête riche en couleur et ensoleillée et après en personnes, je sais pas, peut-être 2000 ca serait bien, s’il fait beau ça devrait le faire.
PL – On est identifié dans tous les cas comme un lieu de musique électronique, donc LaPlage ça nous donne aussi l’opportunité de nous exprimer un petit peu et de montrer que le Glazart ce n’est pas que de la grosse techno indus, que de la bass musique, de la trance, là je parle vraiment de Glazart hiver. Glazart en été c’est LaPlage de Glazart et c’est vraiment un tout autre aspect, on essaye vraiment d’y amener… faut aussi comprendre que au bureau on a des gens qui viennent d’horizons musicaux différents, on a aussi bien des fans de metal, techno, hip hop, donc il y a un vrai melting pot et c’est toujours important pour nous de montrer qu’on ne se cantonne simplement pas à un ou plusieurs style en terme de musique mais que LaPlage correspond à un panel de musique qui est beaucoup plus large que simplement la musique électro.
Comment avez-vous fait la programmation des artistes pour cette saison ?
Sylvain – En gros, 85% du temps, je fais la programmation en accord avec les organisateurs, c’est à dire que eux vont venir me proposer des listes d’artistes et je valide ou non. En général ça se passe toujours bien parce qu’ils savent bien que j’ai une jauge de 1500 personnes à remplir et qu’il faut un certain seuil de visibilité du côté des artistes pour pouvoir attirer autant de monde et on se retrouve à produire pas mal de concerts. Quand même plus les mercredis soir du coup, souvent gratuit et là c’est un peu plus au coup de cœur. Maintenant j’essaye de faire moins de découvertes, j’essaye de proposer des groupes qui ont une certaine visibilité ou une certaine notoriété puisque la découverte ça a pas très bien marché il y a deux ans donc maintenant on a changé un peu notre fusil d’épaule. Après sur les clubs, il y a deux trois trucs en cours et t’essayes de t’adapter à ce qui se fait le lendemain, pas faire forcément deux jours de suite la même chose, un jour house et après t’essayes de varier un peu. Mais on a pas mal de belles choses de toute manière, que ça soit rock, house, techno, trance.
Y a-t-il des artistes qui se produisent régulièrement chez vous ?
Sylvain – Ouais carrément, Terrence Parker lui il est là une à deux fois par an et là cet été on n’y coupe pas. On a des organisateurs récurrents, que ce soit New Track, Open Minded, Dure Vie et Vryche. Ils viennent bosser un peu avec nous cette année donc ça c’est cool. Dans les gros noms Mandar était passé l’an dernier, San Proper c’est la première fois, Mr Raoul K il était déjà passé il y a un an ou, Franck Roger, ça fait partie des noms qui reviennent régulièrement en fonction des réseaux et des organisateurs .
Un moment « WTF » à nous livrer ?
PL – Moi il est très simple, c’est pas tellement WTF c’est plus le moment où ça part en vrille mais dans le bon sens du terme, dans le bon esprit, c’était pendant le concert l’année dernière de Hilight Tribe. On s’est retrouvé avec un bonhomme qui s’est mis à slamer assis dans un transat sur toute la foule. C’est pas WTF mais c’était un beau moment, un beau souvenir quoi.
Sylvain – Celui-là a fait partie des photos marquantes, parce que en plus on a eu la chance d’avoir cet instant capturé par notre photographe Marie Magnin donc c’est cool et ça fait partie pour l’anecdote des photos qu’on a mises en loge pour les artistes qui leur permet de se réeimprégner un petit peu de l’ambiance de voir un peu ce que c’est quand c’est rempli. C’est vrai que je pense que c’est le moment un peu fun de l’an dernier, y’en a eu plein d’autres mais celui-là a eu le mérite d’être capturé en photo.

PL – Après c’est toujours une question d’ambiance, c’est vrai que moi je me rappelle du finish l’année dernière, bon pareil c’est pas du WTF c’est vraiment du souvenir. D’ailleurs on était dégouté parce qu’on n’avait pas réussi à enregistrer le set de Rick Wade qui s’est terminé à 7 heures du matin avec un smile de ouf sur le visage et juste super content d’être là. Le public toujours super chaud à 6h30-7h à la fermeture. C’est des petits instants de plaisir.
Comment voyez-vous le Glazart dans 5 ans ?
Sylvain – Par là-bas. On voit pas comme c’est une interview audio mais en gros ça sera certainement déplacé. Après ça fait une dizaine d’années qu’on nous dit ça. Ça finira par arriver mais ça ne sera pas un problème parce qu’on aura autre chose de plus grand et encore plus intéressant. On trouvera un moyen de mettre LaPlage ailleurs c’est pas un frein à notre activité, au contraire ça sera plutôt une bonne nouvelle si demain ça existe plus et que c’est déplacé ça sera positif parce que ça sera que pour le mieux en fait. Donc éloigné, ailleurs.
PL – Et du coup ouais dans 5 ans Glazart, comme expliquait Sylvain, on a un bail avec la ville si je me trompe pas et effectivement ça fait un moment qu’on essaye de voir pour déplacer le lieu et on a des opportunités. Ca avance, de plus en plus sûrement d’ailleurs et le but étant que le lieu qu’on trouve nous permette nous d’évoluer d’apporter des choses supplémentaires. Garder la plage c’est vraiment une volonté pure et dure de l’équipe, il est hors de question qu’on zappe ce projet qu’on bosse depuis des années. Après au-delà de ça c’est aussi développer un aspect encore plus culturel autour du lieu, c’est-à-dire que notre cœur de métier ça reste la diffusion musicale que ce soit concert ou club après voir qu’on puisse trouver un lieu qui puisse vivre autrement que simplement par la musique. Mais c’est des choses dont on a encore quelques années pour développer, pour travailler dessus.
Un petit mot pour la fin ?
Sylvain et PL – Merci à toi ! A jeudi !
Vous l’avez compris, ce soir c’est à LaPlage qu’il faut être parce que c’est le début d’une super saison et de soirées incroyables où vous pourrez boire, manger, écouter de la super musique, rencontrer des gens, profiter de la vie.