PWFM : Racontez moi un peu la genèse d’Amentia …
Amentia : Ça commence à l’âge de 10 ans vers Strasbourg, dans le quartier dans lequel on a tous les deux grandi. C’est au collège qu’on s’est mis à la musique acoustique en autodidacte, Raphaël au Piano et Etienne à la batterie. On a appris à apprécier de plus en plus la techno en créant un collectif pour organiser des soirées et ça a plutôt bien fonctionné. Durant cette période on a découvert des artistes tels que Minilogue ou Dorisburg qui nous ont montré que la techno pouvait avoir des aspects plus musicaux. On a débuté en 2014 en DJ Set, mais la production a suivi rapidement.
PWFM : Quand est-ce que vous avez commencé à faire des dates sous Amentia ?
Amentia : On a fait quelques dates à Strasbourg, la première à la salle de concert « La Laiterie », avant de commencer plus sérieusement à démarcher des labels. Pendant un an et demi on a attendu d’envoyer des démos, et c’est le temps qu’il nous a fallu pour savoir quelle ligne directrice on souhaitait prendre. Les dates sérieuses ont commencé après la sortie du premier EP avec directement une date à l’ADE Festival pour notre premier Live. Les autres dates se sont enchainées assez rapidement par la suite depuis l’année dernière.
PWFM : Sur quels labels avez-vous signé jusqu’à maintenant ?
Amentia : On a signé sur plein de labels différents : Crossfrontier Audio, Amselcom, puis rapidement sur Traum Schallplatten, un label qui nous faisait rêver quand on a commencé. On aurait pu ressortir un EP chez eux, mais la direction artistique que le label a prise n’était plus trop complémentaire avec ce qu’on faisait. Plus récemment, il y a eu une sortie compile sur Hot Creations pour les Hot Waves et deux sorties sur des labels parisiens de nos potes, Cepage et Lunar. Mais également quelques premières et free download sur la page française Sweet Melodic.
Dans les prochains temps, on va sortir sur Chapter 24, un label londonien qui monte pas mal, et sur Sol Selectas, un label tribal parmi les plus reconnus mondialement. On vous conseille vraiment d’y jeter un œil !
PWFM : Si c’est possible, comment décririez-vous votre son?
Amentia : Au début on était plutôt electronica, donc pas forcément de la musique pour danser. Nos tracks tels que ‘Sulivan’ ou ‘Fleur du Vatican’ ont relativement bien fonctionné.
On a toujours eu une petite touche orientale, qui s’est pleinement confirmée avec notre track ‘Serpent’. Cette track a connu un certain buzz et a été jouée par des artistes comme Tom Trago, Skream, Lee Foss, Patrick Topping, Maceo Plex, Thugfucker et on a aussi eu de bons retours dans des events tels que le Burning Man, Serpent Festival, Boom Festival et d’autres. Ça nous a davantage motivé à continuer à faire de la techno plus organique et tribale. Selon nous, c’est le genre de musique électronique qui donne la plus grande liberté en percussion, sans pour autant dénigrer la musicalité et ses harmonies. C’est assez dur de décrire ce qu’on fait, parce que notre avis ne peut pas être objectif et puis aussi parce que entre plusieurs releases il y a automatiquement des différences. Concrètement dans nos tracks, la ligne directrice sera toujours celle de l’émotion. On a une approche du son assez organique et instrumentale.
PWFM : Quel est votre processus créatif justement ?
Amentia : On a chacun un peu notre rôle, l’un sera plus amené à s’occuper de la partie percussions (Etienne) et l’autre plus sur la mélodie (Raphael). Techniquement, en plus d’utiliser des machines, on enregistre beaucoup de percussions au micro, et on n’utilise quasiment aucun sample.
Au niveau du temps qu’on peut y passer, on est assez “marathon de la track”, dans le sens où on va souvent commencer une track et la finir 10h après, en faisant tout d’une traite en une nuit blanche. Ça dépend aussi quel type de musique on produit. Si on fait une track très club, ça peut venir assez rapidement, à l’inverse si on fait une track tel que ‘Refuge’, ça nous demande plus de recul.
PWFM : Quel matos vous utilisez ?
Amentia : Pour produire on utilise Ableton, des instruments acoustiques, analogiques et numériques. Pour les percussions, on enregistre quasiment tout au micro, ce qui nous donne une plus grande liberté. On a donc des maracas, kalimba, bodhran, castagnettes, djembés, derboukas et pleins d’autre trucs qu’on peut enregistrer au micro, même des objets de la vie de tous les jours. Niveau machines on a:
– Elektron Analog Rytm
– Nord Lead 2X
– Roland A800 Pro
– Boss RE Echo Space
– Nord Drum 2
– Novation Midi Controller
– RME Fireface UCX
– Adam A7X

PWFM : En soirée, vous ne faites que du live ?
Amentia : On essaye, parce que c’est ce qui nous fait le plus plaisir. En ce moment on joue les 3/4 du temps en live. Concernant les DJ Sets, généralement on se sépare, surtout si c’est à Paris, on ne s’embête pas à jouer à deux en DJ set. Dans la techno mélodique, le plus important c’est la sélection et l’ordre. Les transitions se font courtes et être à deux n’est pas nécessaire. L’avantage c’est qu’en DJ set l’un va jouer plus énervé (Raphaël) tandis que l’autre plus planant (Etienne) ce qui permet de se répartir les dates en fonction des attentes.
PWFM : Depuis peu, on a l’occasion de vous voir jouer sans vos masques. Vous les abandonnez ?
Amentia : On portait des masques car on voulait que les gens soient concentrés sur la musique et pas sur ce à quoi on pouvait ressembler. Avec le temps on s’est rendu compte que ce qui nous intéresse le plus c’est l’aspect théâtral. Donc dorénavant, pour des raisons de confort, on les porte durant deux morceaux avant de les retirer. Ca nous permet d’être plus libres de nos mouvements et d’offrir un meilleur Live.

PWFM : C’était quoi votre expérience de live ou set la plus mémorable ?
Amentia : Sans doute l’ADE, parce que c’était notre premier live et que c’était à l’ADE. Puis le public hollandais est un des publics les plus réceptifs. Il y avait aussi le Brunch du Marvellous dans un très beau lieu, le Pavillon Baltard, devant 3000 personnes. Après, d’ordre général, on aime jouer en festival car notre musique s’y prête bien.
PWFM : Il y a un endroit où vous rêveriez de jouer ?
Amentia : Le Fusion Festival, un des festivals techno les plus proches de la nature.
PWFM : Il y a un label sur lequel vous rêveriez de sortir ?
Amentia : Pas vraiment, parce que les labels pour lesquels on peut avoir de l’admiration changent au fil du temps. Par exemple, à l’époque Traum Schallplatten ça nous faisait rêver mais maintenant un peu moins. Innervisions aussi c’est un label qu’on adorait quand on a commencé, et ça reste cool mais on n’écoute plus trop ce qu’ils sortent. Et puis aujourd’hui les labels importent moins, ce n’est pas forcément eux qui vont te faire gagner en popularité. Tu peux poster une track en free download et ça peut faire un plus gros buzz que si elle avait été release. Les labels, on voit plutôt ça comme faire partie d’une grande famille dans laquelle on évolue et échange souvent avec les autres artistes.
PWFM : C’est quoi vos projets à venir ?
Amentia : On sort sur Chapter 24 notre EP ‘Prince des Marais’ composé de 3 tracks et 2 remix pour lequel on est très contents de faire une première sur la chaîne Deep House Amsterdam le 7 Février. Ensuite, en Mars, on sort l’EP ‘Miracle d’Hanwge’ sur Sol Selectas, un EP assez organique et tribal pour lequel on s’est basés sur le Zimbabwe. On a eu la chance d’avoir une personne native qui a pu répondre à toutes nos questions et on a essayé d’acquérir le maximum de connaissances sur ce pays. Notre tournée récente à l’île Maurice nous aura permis de nous imprégner davantage de ce type de paysages et d’apporter quelques modifications à nos musiques. On pense que ce sera l’EP qui nous rendra le plus fiers, parce qu’il est le plus abouti : on y raconte une histoire en 3 tracks.
Sinon, concernant nos prochaines dates, c’est l’agence Dancecode, que nous avons intégré, qui s’en occupe et ils le font bien. Il nous semble que nos prochaines dates sont à l’extérieur de la France, mais on reviendra jouer à Paris pour le Marvellous Island début mai !
On a également un side project prévu sur le long terme avec Gwen Germain avec qui on va bosser sur des bandes sonores de séries ou de films d’animation, ainsi que d’autre surprises.
PWFM : Un mot sur PWFM?
Amentia : La communauté PWFM est assez intéressante, parce que, grâce au groupe, vous avez réussi à faire parler un peu toute la communauté silencieuse d’internet, dont on faisait aussi parti avant. C’est cool de remarquer que la communauté techno sur internet est plus variée qu’on pourrait le croire. On ne se sert pas forcément de PWFM pour découvrir des tracks, parce que quand tu es DJ toute la recherche de track est assez personnelle, mais c’est quand même intéressant pour découvrir des artistes locaux ou lancer des discussions en lien avec la musique.
PWFM : Quelque chose à rajouter ?
Amentia : Merci pour tes questions ! Sinon le secret de la bonne raclette qu’on s’apprête à manger : un four à raclette, du fromage, du jambon cru, champignons de paris, pommes de terre, lardons et oignons rouges, petits cornichons et vin blanc très sec : ça c’est le secret d’une bonne raclette. Je pense qu’on peut conclure là dessus et vous souhaiter une bonne continuation !


