PWFM a interviewé Rig Thrall, jeune artiste montant, et fondateur de son propre label, Rakya Records. Producteur techno prenant le parti d’une musique atmosphérique et envoutante, il nous raconte son parcours et ses inspirations.
PWFM : Explique moi un peu comment est né ton projet ?
Rig Thrall : Depuis mon plus jeune âge, mon père, grand passionné, m’a baigné dans la musique en me faisant écouter un nombre incalculable de disques comme les Pink Floyd, Muddy Waters, Neil Young ou Herbie Hancock, en passant par Kraftwerk, Massive Attack et même Mozart. J’ai donc eu une base très solide grace à lui, que j’ai continué à développer tout seul en grandissant. Du coup, l’envie de faire de la musique m’a très vite pris, et j’ai commencé la guitare à l’âge de 11 ans. J’ai fait partie d’un groupe de new-wave / punk / psychédélique pendant un temps, ce qui m’a permis de mettre un pied dans une culture plus alternative. C’est vers l’âge de 19-20 ans que je me suis vraiment intéressé à la techno. J’ai commencé à me rendre à de plus en plus d’évènements et à approfondir mes connaissances dans ce mouvement, et la suite logique a fait qu’au fil des mois et des années je me suis acheté des platines puis du matos pour composer. Et un beau jour le projet Rig Thrall est né.
PWFM : Tu as commencé en tant que DJ ou producteur ?
Rig Thrall : J’ai toujours pensé qu’avant de se lancer dans la production il fallait se faire une culture solide afin de savoir vers quel style et quel univers tu voulais vraiment te diriger. J’ai donc commencé en tant que DJ et j’y prends encore énormément de plaisir. Digger des tracks est une activité que je n’arrêterai jamais je pense, et c’est toujours pour moi une grande satisfaction de découvrir de nouveaux sons et de pouvoir les partager. Ça fait à peu près 3 ans que je me suis mis à la production, et j’y prends aussi beaucoup de plaisir, même si je peux parfois m’arracher les cheveux sur certains tracks ! Mais c’est vrai que c’est une sensation incomparable de voir des gens danser sur ta propre musique.
PWFM : Comment définirais-tu ta musique ?
Rig Thrall : Je me suis dirigé vers une techno plus progressive et atmosphérique, très inspirée par l’école scandinave ou italienne par exemple, avec des nappes, beaucoup de reverb, ce genre de choses. J’essaye de raconter une histoire à travers mes sets et mes productions, voulant provoquer quelque chose de plus introspectif aux gens qui m’écoutent. Ce qui ne m’empêche pas de cogner un peu bien-sûr … mais je trouve qu’en techno particulièrement, on peut transmettre des émotions autrement que par la « violence ». Je suis aussi pas mal inspiré de l’ambient et de ce qui se faisait dans les années 90 et début 2000 par des mecs comme The 7th Plain ou The Experience.
PWFM : Quel est ton processus créatif ?
Rig Thrall : Improvisation totale. En commençant un projet je ne sais jamais vers quoi je me dirige. Et l’atmosphère dépend aussi beaucoup de mes humeurs. Pour ce qui est du timing, ça dépend du feeling. Je peux finir un track en un jour comme en une semaine. Je suis assez bordélique, ce sur quoi je travaille, car il m’est déjà arrivé de sortir des sons trop vite, que je ne trouvais pas assez aboutis après réflexion. Mais je reste malheureusement un éternel insatisfait.
PWFM : Quel matos utilises-tu ?
Rig Thrall : Je n’ai pas énormément de matos. J’ai un Arturia Keylab25 que j’utilise beaucoup, un APC40, une TB-3, un Korg et quelques pédales d’effets que j’ai gardé du temps où je jouais de la guitare.
PWFM : Sur quels labels as-tu signé ?
Rig Thrall : Pour l’instant que sur du 100% parisien. Mon premier EP sur Rakya Records, mon propre label, et le deuxième sur Inertie Records.
PWFM : Tu fais partie d’un collectif ?
Rig Thrall : J’ai fait partie de plusieurs collectifs oui. Mais je me suis rendu compte qu’organiser des soirées à gros plateaux ça ne suffisait plus si tu voulais te démarquer et évoluer artistiquement. Car la concurrence est extrêmement rude. Ce pourquoi il y a deux ans, avec des amis qui partagent la même vision des choses, nous avons créé Rakya. L’envie de départ était de créer des évènements pour une communauté autours de la musique qui nous touchait, et de proposer une vision différente et plus alternative de la fête, dans des lieux atypiques et intimistes de la capitale. Ces évènements étaient accessibles uniquement si on était membre de la communauté grace à un système de parrainage et on misait beaucoup sur le bouche à oreille. Et aujourd’hui le pari est réussi puisque nous comptons presque 1000 membres. Et cela nous a permis de créer un projet parallèle, sous la même entité, qui nous tenait à coeur : notre propre label, Rakya Records. Il est aujourd’hui divisé en deux sub-labels : TAMA (crépuscule) pour l’empreinte techno de ce dernier, et ZORA (aube) pour l’empreinte minimale/house. Nous avons déjà sortis deux releases dessus, et nous en avons pas mal d’autres en prévision.
PWFM : Quelle était ta dernière release ?
Rig Thrall : Mon EP chez Inertie : ‘Falling Landscape EP’ avec un très beau remix de PVNV
PWFM : Ta sortie qui a le mieux marché jusqu’à présent ?
Rig Thrall : Pour l’instant, sans aucun doute mon EP sur Rakya Records. Quand tu dévoiles pour la première fois aux gens ton travail, tu as envie que ce soit parfait et que ta musique retransmette au mieux ce que tu es. Evidemment les choses évoluent et tu peux proposer des projets différents, sinon ça deviendrait vite rébarbatif, mais je pense que tu te souviens toujours de ton premier EP. Et j’ai été plutôt rassuré des retours que j’ai eu, aussi bien par mes proches que de gens de l’extérieur ou d’artistes déjà bien en place. Mais aujourd’hui c’est vrai qu’avec les réseaux sociaux tout va plus vite, et il y a énormément de gens talentueux.
PWFM : Ta meilleure expérience en jouant en club ou en festival ?
Rig Thrall : J’en ai eu plusieurs, mais ma dernière en date était celle de la première édition du Rituel Festival à proximité de Lyon. J’ai eu la chance d’y faire 3h de set inoubliables en pleine forêt et de très belles rencontres.
PWFM : Un lieu où tu rêverais de jouer ?
Rig Thrall : Un de mes rêve serait d’avoir la chance de jouer sur la scène du Labyrinth Festival au Japon qui a juste l’air incroyable. Le simple fait d’y aller comme spectateur serait déjà un grand plaisir. Et si je devais citer un lieu imaginaire je dirais sur un nuage : ça doit être le meilleur after du monde.
PWFM : Quels sont tes projets à venir ?
Rig Thrall : Je suis en train de préparer un nouvel EP et je vais du coup être amené à chercher des labels où le sortir. Je prépare également un remix sur le prochain EP d’Hironori Takahashi, un artiste japonais dont je suis fan. Pour ce qui est des soirées, nous avons pas mal de projets avec Rakya qui devraient voir le jour, et j’ai eu également plusieurs propositions pour jouer. Mais je n’aime pas en parler tant que ce n’est pas signé.
PWFM : Des plans sur la comète, sur le long terme, un rêve ?
Rig Thrall : Je suis de nature plutôt optimiste et un éternel rêveur. Je considère que j’ai déjà de la chance d’avoir ce que j’ai. Du coup, je ne peux qu’espérer que tout cela continue et m’emmène vers quelque chose de plus concret et professionnel.
PWFM : Un petit mot sur PWFM ?
Rig Thrall : Vous êtes simples et sans chichis, j’aime ça !


